Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

L'intégration laborieuse des FTP polonais dans l’armée française

 

 

 

 

 

Mieczyslaw Bargiel

"Roger"

Theodore Plonka

"le Type"

Julien Nowak

"Sûr"

 

 - Les commandants successifs du bataillon Mickiewicz après la Libération -

 

 

A la libération du département, début septembre 1944, alors que leurs copains de la POWN quittaient le maquis de Marigny pour venir cantonner à l'école de la Sablière, puis allaient, nombreux, s'engager dans l'Armée polonaise et partir combattre sur le front italien avec le général Anders, les maquisards FTP-MOI du maquis Mickiewicz allaient suivre un tout autre chemin, guidé par la volonté des responsables communistes polonais en France de conserver le contrôle de leurs unités de maquisards.

 

Pour ces hommes, militants professionnels et baroudeurs de l'Internationale communiste (dont Maslankiewicz et Jelen sont des exemples - voir leur biographie ici et ), la libération de la France n'était probablement qu'une étape : après le combat (perdu) au sein de la brigade Dabrowski en Espagne, la bataille de France était maintenant gagnée et l'enjeu devenait la conquête du pouvoir en Pologne. Pas question donc pour eux de laisser s'éparpiller les unités combattantes issues de l'émigration polonaise, qu'ils avaient rassemblées dans les maquis. Au lendemain de la Libération, en novembre 1944, on dénombrait ainsi plus de 4000 ex-maquisards polonais cantonnés dans diverses casernes sous contrôle communiste, les plus nombreux se trouvant dans le Nord / Pas-de-Calais (2000 environ), dans le Gard, la Loire et Montceau-les-Mines (environ 400 pour chaque bassin).

 

La section polonaise de la MOI avait d'abord discuté longuement des possibilités d'expédier cette petite armée en Pologne même, afin d'y renforcer les rangs de la composante communiste de la résistance, si minoritaire en regard de l'A.K. (Armée nationale, fidèle au gouvernement de Londres). Mais comment rejoindre la Pologne, de l'autre côté d'une Allemagne encore combattante ? Les trajets la contournant paraissant en réalité hors de portée, il avait finalement été décidé d'accepter l'intégration de ces troupes FTP polonaises au sein de l'Armée française, mais à condition qu'elles restent groupées et sous commandement de leurs officiers communistes, au moins jusqu'au niveau du bataillon.

 

Or dans toutes les négociations engagées avec les autorités militaires françaises, la réponse reçue était la même :

"Vos hommes sont de nationalité polonaise et veulent poursuivre le combat, alors qu'ils s'engagent dans l'Armée polonaise, puisque votre gouvernement encore exilé à Londres a reçu du général de Gaulle l'autorisation d'ouvrir des bureaux de recrutement en France (rappelons qu'il en existait justement un à l'école de la Sablière). Vous ne reconnaissez pas ce gouvernement ? Alors venez dans l'Armée française qui a justement une structure prévue pour les soldats d'autres nationalités : la Légion étrangère. Mais comme tous les maquisards, vous serez certainement disséminés dans les unités en fonction des besoins, et ne pourrez rester groupés qu'en petit nombre…"

 

Pour les négociateurs communistes polonais,  il n'était question d'accepter ni l'une ni l'autre de ces solutions, et les choses se mirent à traîner… les jeunes se morfondant dans des casernes du Nord / Pas-de-Calais, du Tarn, de Saône-et-Loire ou d’ailleurs, alors que ceux de la POWN se battaient déjà en Italie.   

 

- 1er cantonnement : l’école du Bois-du-Verne, à Montceau -

 

D'abord cantonnés à l'école du Bois-du-Verne, ceux du maquis Mickiewicz qui voulaient poursuivre la guerre, rejoints par de très jeunes engagés et par quelques maquisards d'autres unités (FTP de Collonge, AS...), allaient partir quelques semaines plus tard à une quarantaine de kilomètres de là, vers Paray-le-Monial, au château de Cypierre, où ils allaient passer la période de Noël et du jour de l'an. Nul doute qu'il y eut dans cet éloignement du bassin minier, une volonté de les couper de leur base sociale, alors qu'ils constituaient la dernière force FTP regroupée et armée, fortement politisée par ses commissaires politiques.

 

- Les FTP polonais au défilé du 11 novembre 1944, à Montceau -

 

Ce n’est qu’avec le voyage du général de Gaulle en URSS et sa rencontre avec Staline, qui allait se conclure par la signature d’un pacte franco-soviétique, le 10 décembre 1944, que les choses allaient évoluer. On sait que ce fut un terrible marchandage : pour obtenir l’appui de l’URSS en vue de voir la France reconnue au rang des alliés vainqueurs de la guerre, de Gaulle allait devoir abandonner à son sort le gouvernement polonais exilé à Londres et reconnaître le gouvernement de Lublin que l’URSS installait en Pologne (cliquer sur ce lien pour avoir accès au verbatim des entretiens de Gaulle-Staline). Cette reconnaissance ne sera officialisée que le 29 juin 1945, mais immédiatement des représentants sont échangés entre le Comité polonais de libération nationale (PKWN) et le Gouvernement provisoire de la République française : fin décembre 1944, Christian Fouchet s’installe ainsi à Lublin, Stefan Jedrychowski venant représenter le PKWN à Paris.

 

Dès lors, plus de barrière : les maquisards FTP polonais allaient être intégrés comme le voulaient leurs officiers au sein de la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny.

 

 

- 2ème cantonnement, le château de Cypierre près de Paray-le-Monial -

 

Pour les Montcelliens, la nouvelle situation entraîna une première conséquence : leur chef, Mieczyslaw Bargiel les quitte définitivement et s’en va rejoindre à Paris, la délégation militaire du PKWN en France. Alors que, fin janvier 1945, ils quittent le château de Cypierre pour rejoindre une nouvelle garnison à Besançon, ils sont désormais commandés d’abord par le capitaine Théodore Plonka, puis par le lieutenant Julien Nowak.

 

 

- 3ème cantonnement, à Besançon - 

 

C’est donc bien tardivement, en date du 1er février 1945 (la guerre va finir le 8 mai), que sont créés deux bataillons de pionniers polonais, rattachés administrativement au 201ème régiment de pionniers Nord-africains (Cdt Lt-colonel Huret)… Ils prendront finalement le nom de 19ème et 29ème Groupements d’Infanterie polonaise (19ème et 29ème GIP). Ils sont commandés au sommet par un officier français (le chef de bataillon Henri Thévenon), mais directement par des hommes sûrs, anciens brigadistes de la MOI : Boleslaw Maslankiewicz, Jan Gerhard et Boleslaw Jelen qui coiffe l'ensemble aux côtés de Thévenon .

 

Le 19ème GIP, dont le commandement échoit à Maslankiewicz se forme au camp du Valdahon dans le Doubs autour des unités FTP-MOI de Montceau, Saint-Etienne et Lyon. Les Montcelliens sont rassemblés dans la 5ème compagnie, commandée par Julien Nowak.

 

Le 29ème GIP se constitue de son côté autour des résistants du Nord / Pas-de-Calais. Son chef est Jan Gerhard, ancien dirigeant FTP-MOI de la région toulousaine.

 

 

> vers article suivant : "de la Forêt-Noire à Varsovie"



23/07/2011
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