Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Stanislaw RYCHLIK, le précurseur...

 

 

Remerciements à Albin Rychlik pour les longs moments passés à évoquer la vie de son père...  Les photographies sont pour la plupart celles de son album familial.

                

 

Stanislaw Rychlik est né le 22 septembre 1898 à Borek, dans la partie de la Pologne sous occupation allemande ; il devient coiffeur. Pendant la 1ère guerre mondiale, il sert dans l’armée allemande comme infirmier. La paix et l’indépendance venues, il se marie et décide d’émigrer. A son arrivée en France, le 5 février 1922, il est dirigé sur Montceau-les-Mines et recruté immédiatement par la compagnie des Mines de Blanzy comme manœuvre au puits des Alouettes (4 mars 1922). 

 

1914-18   Dans l'armée allemande...

  

Vers 1925 à la Saule, mineur, mais aussi...

épicier et coiffeur à la maison (7, rue Pasteur) 

 

 

 Années 30 : sortie du puits des Alouettes

(le pont sur la rivière)

  

 1936 : A la CGT depuis 1924,

il passe à la nouvelle CFTC (65ème adhérent)

 

De tempérament hyper-actif, il est un fervent animateur du mouvement associatif : on le retrouve dans les manifestations gymniques des « Sokols », au cercle théâtral amateur « Jules Slowacki », à la présidence de l’union polonaise de tir, les « Strzelcy », société à vocation d’encadrement politique et de préparation physique et militaire, au caractère laïc marqué, ce qui n’est pas pour déplaire à Stanislaw Rychlik, dont le catholicisme profond s’accommode d’une touche d’anticléricalisme.

 

Au cercle téâtral de la Saule - années 20

 

 

Et avec les gymnastes du Sokol

 

Dans le courant des années 30, il est promu président du comité régional des sociétés polonaises et voit son champ d’action couvrir les colonies de Saône-et-Loire (le Creusot, Montchanin, Saint-Laurent d’Andenay, Gueugnon, ainsi que la Machine dans la Nièvre).

 

En 1936, à la création à Montceau du syndicat des mineurs CFTC, il quitte la CGT dont il était membre depuis 1924 et rejoint la nouvelle organisation, entraînant avec lui de nombreux compatriotes.

 

 

Assemblée des Francs-Tireurs ("Strzelcy"), Montceau vers 1938...

 

1938 - une mystérieuse assemblée de notables polonais...

 

En cliquant sur ces deux photos, vous pouvez les agrandir et tenter de reconnaître les participants. Faites-nous part de vos découvertes...

Quel est ce mystérieux drapeau qui décore la salle de réunion ?

 

 

La guerre arrivant, il va mettre le réseau associatif au service du combat de l’Armée polonaise, supervisant d’abord les conseils de révision du bassin minier, fin octobre 1939. Avec le curé Augros de Montceau-les-Mines, il est à l’origine d’une messe patriotique tenue le12 novembre 1939 en l’église de Montceau en l’honneur des soldats tombés sur les fronts de Pologne et de France. Y sont conviés les autorités françaises, civiles, militaires et religieuses, de Saône-et-Loire, le consul de Pologne à Lyon, les associations d’anciens combattants du bassin minier et bien sûr toutes les associations polonaises

 

Pour les fêtes de Noël 1939, il organise une vaste opération d’accueil dans les familles immigrées de Montceau et du Creusot des aviateurs polonais, évacués par la Roumanie et regroupés sur la base de Lyon Bron. Plusieurs centaines d’aviateurs se lieront ainsi avec des familles de mineurs polonais, entamant des relations qui dureront tout le temps de leur présence en France, et, pour certains, bien au-delà… (voir article "Noël des aviateurs")

 

Ces mobilisations ouvrent le chemin de la résistance ; car le temps de l’occupation arrivé après l’armistice du 22 juin 1940, la ligne de démarcation, qui sépare la France occupée de la France dite « libre », vient couper en deux le département de Saône-et-Loire ; elle suit à distance le tracé du canal du Centre, les agglomérations industrielles de Montceau, le Creusot et Chalon étant en zone occupée. Le consulat de Pologne à Lyon charge alors Rychlik de mettre en place et d’assurer le fonctionnement d’une voie de passage de la ligne, destinée en premier lieu aux militaires évadés qui cherchent à gagner Lyon et de là un acheminement vers l’Angleterre. Il s’en acquitte avec entrain, mettant à contribution son fils aîné, les responsables des associations et les anciens combattants polonais de sa connaissance, à Montceau et au Creusot. Plusieurs voies de passage sont ainsi assurées, à proximité de Montceau et de Montchanin. Il assure également le passage d’un abondant courrier qui lui est adressé et qu’il fait acheminer d'une zone à l'autre. Cela éveille bien vite l’attention des autorités allemandes et contraint Stanislaw Rychlik à quitter son travail à la mine (il est rayé des effectifs le 5 février 1941), de passer la ligne et de gagner Lyon, où il sait pouvoir trouver à s’employer au service de la Pologne.

 

En juillet 1941, l’organisation POWN qui vient de naître lui attribue la fonction de « chef des agents de liaison » sur cette section du trajet Lyon-Paris qui passe par Montceau/Creusot. Début 1942, son épouse et ses quatre enfants, eux aussi menacés, passent également en zone libre et la famille se réunit sur le territoire de la commune du Mont-Saint-Vincent (S&L), à proximité de la ligne. Cette situation permet à Stanislaw de continuer son activité de coordination des passeurs (sous le pseudo de « coiffeur »), tout en travaillant comme bûcheron. Son fils aîné Stanislaw est arrêté le 15 août 1942 lors d’une mission.

 

Après l’invasion de la zone libre, le 11 novembre 1942, sa sécurité n’est plus assurée. Le 18 juin 1943, il est arrêté par la Gestapo de Chalon en même temps que son second fils Albin sur la commune voisine de Marigny (S&L), dans une coupe de bois sur laquelle ils travaillaient. Ils sont détenus à Chalon-sur-Saône, Autun où ils retrouvent le fils aîné, puis transférés à Dijon (1er juillet 43). De là, ils passent en région parisienne, à la prison du Cherche-Midi, puis au camp de Romainville.

 

Le 26 septembre 1943, ils sont déportés vers le camp de Natzweiler, dont ils subiront le terrible régime avant d’être transférés vers Dachau, le 13 mars 1944, puis Görlitz - voir récit de son fils Albin . Fin mars 1945, à l’approche de l’armée soviétique, le camp est évacué ; commence une effroyable marche de la mort. Stanislaw Rychlik y succombera ; il est porté disparu le 22 avril 1945. Ses deux fils seront rapatriés..

 

SHD BRSGM 16P528435, AD S&L, témoignage Albin Rychlik, archives CFTC-Montceau

 

 

 

 

 



12/11/2011
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