Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

7 août 1944, réquisition de vin au Bois-du-Verne

 

 

Dans les fermes isolées de Charmoy, le bataillon polonais doit nourrir ses combattants. Quelques uns ce jour-là sont de corvée de vin ; comme ils l'ont déjà fait plusieurs fois, ils décident d'aller chez un grossiste du Bois-du-Verne, quartier de Montceau-les-Mines de populations mêlées, Français, Polonais, Italiens… Le négociant, Amable Boulisset, 61 ans, s'y est fait une vilaine réputation de collaborateur. L'entrepôt est dans le sous-sol de son domicile, à la sortie Nord-Ouest de l'agglomération, sur la commune de Saint-Bérain-sous-Sanvignes. Ils sont six dans la camionnette qui arrive vers midi. Cinq en descendent, mitraillette à la main, et se dirigent vers l'établissement où le père Boulisset a bien compris que c'est encore le maquis qui vient s'approvisionner et qui, au mieux, le paiera avec un bon de réquisition griffonné à la hâte. Il laisse faire, sachant bien que l'affaire va mal tourner. En effet, il a prévenu les Allemands de ces fréquentes visites, et ce jour là, ils sont justement présents, en surveillance dans sa maison.

 

Ils ouvrent le feu immédiatement : un premier maquisard est abattu dans la cave, au pied de l'escalier, un second devant la porte, au bord de la route, un troisième est blessé au ventre à proximité du véhicule où il réussit à remonter. Un quatrième est trop engagé dans la demeure pour pouvoir revenir en arrière ; il parvient à se cacher sous du matériel, au fond de la cave... La camionnette redémarre en trombe et disparaît.

 

Les Allemands invitent le maire de St-Berain à faire dégager les corps. Le fourgon des pompes funèbres de Montceau va les conduire à la morgue du cimetière du Bois-Roulot, où ils seront identifiés dans l'après-midi.  Stanislas Wolny, 19 ans, ouvrier boulanger, est reconnu par Simone Barraud, jeune vendeuse de la coopérative du Bois-Roulot qui se trouvait par hasard au cimetière à l'arrivée des corps ; ils étaient voisins au quartier des Alouettes et avaient fréquenté ensemble l'école de la Sablière (voir sa photo ci-dessous)… Le second tué n'est pas un gars de la région ; il s'appelle Roland Perrin et est domicilié à Charenton, département de la Seine ; il allait fêter ses 22 ans deux jours plus tard. Que faisait-il dans ce maquis MOI bourguignon ?  On le saura en mars 2018, quand une lectrice de Respol71 reconnut son oncle... voir biographie Perrin

 

L'émoi est grand une fois encore parmi la population du Bois-du-Verne. Un miracle se produit cependant dans la soirée : le maquisard resté caché dans la cave est un garçon du quartier, Jozef Gardys ; à la nuit tombée, il sort et, à travers les jardins, rejoint la maison familiale.

Quant au blessé reparti avec la camionnette, c'est aussi un garçon du Bois-du-Verne ; il se nomme Arkadiusz Tomys et va survivre. Il est d'abord conduit chez le médecin local, le docteur Drevon, qui a déjà soigné plus d'un résistant. Devant l'état du blessé - il a l'estomac perforé -, il ne voit qu'une solution : le faire conduire chez son confrère Beaufils, chirurgien du Creusot replié à l'hôpital de Charolles depuis le bombardement de juin 1943 qui a ravagé la ville. C'est Marius Villette, chauffeur du maquis, qui va l'y conduire...

 

Parmi les résistants du groupe Morin, alors cantonnés à proximité, dans les bois de St-Berain-sous-Sanvignes, la tentation a été grande d'aller immédiatement châtier le marchand de vin. Ils y ont rapidement renoncé de crainte de représailles allemandes contre le quartier très populeux.

 

Plus tard dans cette nuit du 7 au 8 août 1944, descendant la route qui vient du Bois-du-Verne à travers les crassiers de l'ancienne carrière Saint-François, un convoi de plusieurs voitures à cheval, sous la protection d'un fort détachement de soldats allemands réveille les habitants de la rue du Centre aux Alouettes, en pénétrant dans Montceau : c'est la famille Boulisset qui s'en va avec ses meubles et ses bagages, convaincue que cela vaut mieux pour elle.

 

 

 

Roland Perrin

 

Stanislaw Wolny

 

 

 

 

Quelques années plus tard, dans le journal "le Parisien"....

 

 

 

Le Parisien 1952 - Copie.jpg

 

 

 



04/06/2010
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