Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

La 2e Division de chasseurs polonais en 1940

Cet article, signé par Jean Hutin-Sroka (†), est extrait du DVD-Rom, la Résistance polonaise en France, réalisé par la Société Historique et Littéraire Polonaise et édité en 2013 par la Fondation de la Résistance, département AERI.

 

 

 

Formation, combats, refuge en Suisse...

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Formée dans la région de Parthenay (Deux-Sèvres) pendant les mois de février à mai 1940, la 2e division de chasseurs est commandée par le général Bronislaw Prugar-Ketling.

 

 

 

- Ici, en tournée d'inspection près de Parthenay -

 

Fin mai 1940, elle débarque dans la région de Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle) comme unité de réserve de la IIIe Armée. Le 10 juin 1940, la division est mise à la disposition de la VIIIe Armée et prend position dans la région d'Héricourt. Le général Prugar-Ketling reçoit la mission de défendre la trouée de Belfort sous l'autorité du 45e corps d'Armée. Le général commandant le 45e corps d'Armée a reçu la mission d'organiser la défense de la trouée de Belfort dans un secteur défini au Nord par le Ballon d'Alsace et au Sud par le Doubs.

 

Du 13 au 18 juin 1940, la 2ème division va effectuer des déplacements pénibles et successifs avec occupation et organisation de diverses positions défensives.

Le 14 juin 1940, elle est privée du 5e régiment d'infanterie et du groupe de reconnaissance divisionnaire (GRD) qui sont envoyés à Vesoul pour fermer les passages de la Saône et passer sous commandement français (VIIIe Armée). Le 15 juin 1940, un bataillon du 6e régiment d'infanterie est envoyé à Besançon. Le 19 juin 1940, au matin, la division occupe les positions assignées par le corps d'Armée avec la mission de la défense, face au Sud Ouest, de la transversale Maîche - Damprichard.

 

Vers 7 heures 30, contact avec l'ennemi à Damprichard, les éléments de surveillance du 3e bataillon du 4e régiment d'infanterie situés à Charquemont se trouvent pris sous le feu des chars ennemis et se replient  par les bois sans perte. Un groupement de combat constitué de chars attaque Damprichard, les antichars polonais ouvrent le feu au moment où les chars allemands débouchent de derrière la côte et les obligent à se replier. Vers 10 heures, nouvelle attaque ennemie sur Damprichard menée par un bataillon d'infanterie appuyé par de l'artillerie, des mortiers et des chars. L'attaque est très violente. Malgré des pertes, l'adversaire progresse momentanément, à 13 heures, l'attaque est brisée, Damprichard, incendié, résiste sans être entamé, les défenseurs se replieront, sur ordre, au cours de la nuit.

 

Sur l'autre partie du front à Saint Hippolyte, vers 10 heures, apparaissent des motocyclistes et de l'infanterie en camions ; s'étant heurtés à la défense, ils s'efforcent de contourner Saint Hippolyte par l'est pour attaquer les arrières par Chamesol-Montandon en franchissant le Doubs. Le commandant du régiment fait sauter le pont de Soulce et fait ouvrir les écluses de Vaufrey rendant impossible le passage du Doubs. L'ennemi engage un duel d'artillerie jusqu'à 12 heures 30 ; après un combat au milieu des décombres et des maisons en flammes, sous menace d'encerclement, l'unité doit de replier de Saint Hippolyte. A 11 heures 30, l'ennemi apparaît sur la route de Maîche. Un combat s'engage, la section antichar équipée de canons de 47mm et renforcée d'un canon de 75mm détruit plusieurs chars et un canon tracté ; les autres chars se replient. L'infanterie ennemie attaque à nouveau précédée d'un violent tir d'artillerie qui détruit la section antichar.

 

Jusqu'à 16 heures 30,  on peut espérer que l'attaque allemande est arrêtée, lorsqu'il est signalé que des détachements allemands ont atteint la crête 912 qui domine Indevillers. Plus au Nord, d'autres éléments menacent Chauvillers, seule ligne de retraite de la 2e DIP. L'ennemi sera arrêté par un bataillon de Spahis renforcé par un bataillon de génie polonais.

 

A 19 heures, à Chauvillers, en présence du général Prugar-Ketling la décision est prise de rompre le combat et, au cours de la nuit, de franchir la frontière helvétique. Les unités occupant le secteur Sud quittent les positions entre 20 heures et 21 heures 30 et se replient par l'axe Sud ; passage de la frontière à Goumois. Les unités occupant le secteur Nord quittent les positions vers 19 heures 30 et se replient sur l'axe Nord ; passage de la frontière à Bremoncourt. Sur l'axe du milieu, en passant par Trevillers -Chauvillers les Epiquerez, se replient les restes des trains du corps d'Armée, état-major du corps d'Armée avec une partie du 7e régiment de Spahis, l'état-major de la 2e DIP, la compagnie divisionnaire et le II/2e régiment d'artillerie divisionnaire.

 

La 2e division de chasseurs polonais a perdu dans les combats 6 000 hommes tués et blessés ; sur les 16 000 hommes, 9 000 sont passés en Suisse.

 

 

 

 

 

Les témoignages de Polonais de Montceau, sur ce site :

1/   Bronislaw SZLEPER , avec de nombreuses photos de l'internement en Suisse

2/   Marius JACEKavec un long témoignage audio (internement et évasion)

 

 

Autres sources :

 

Internet - Sur  le site Mémoire de nos pères, édité par une association patriotique du Valdahon (Doubs), une étude historique détaillée de ces combats est présentée par Cédric GAULARD, voir http://memoire.denosperes.free.fr/La2DivisionPolonaiseDeChPieds.php  

 

Livre

Un historien local, Michel SIMONIN (29, rue du Vieux-Château - 25120 Maîche) a publié un ouvrage aussi précis, bourré de photos d'époque et de témoignages. Un travail remarquable, qui donne aussi de précieuses informations sur ce que fut la vie de ces Polonais qui allaient passer cinq années au sein de la société suisse.... (couverture ci-dessous, 200 pages)

 

 

 

Monument érigé à Maîche (Doubs)
(Cliquer sur l'image pour agrandir)

Monument érigé à Maîche (Doubs)
(Cliquer sur l'image pour agrandir)

Le livre de Michel Simonin

Le livre de Michel Simonin

 

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6 avril 2019 :

 

Nous recevons ce commentaire de M. René KLEINGAERTNER de Saône-et-Loire, avec une photo de son père interné en Suisse. Grand merci à lui !

 

KLEINGAERTNER René

Merci pour cet article qui me concerne, mon père KLEINGARTNER Zdzislaw, en a fait partie.

Il a quitté la Pologne (Galicie actuellement en Ukraine) en septembre 1939, à l'âge de 18 ans pour rejoindre le général PRUGAR-KELING dans la région de PARTHENAY. Il a participé aux combats décrits dans l'article, franchi la frontière Suisse à GOUMOIS le 20.06.1940 avec beaucoup de ses camarades. Il a été interné en Suisse (camps de travail au profit de la Suisse) jusqu'en 1945.

Libéré il est arrivé à MONTCEAU les MINES pour résider à la SAULE rue de Cracovie jusqu'à son décès en 1971 et travailler comme mineur au puits des Alouettes puis à la centrale de Lucy.

il a participé à sa façon à la défense de la France comme de nombreux polonais.

Cordialement.

 

 

Nota : rapprochons son cas de celui de Boleslaw Krupczak LIRE ICI , parti de son village de l'est de la Pologne pour rejoindre l'armée du général Sikorski qui se reconstruisait  en France...

 



27/03/2018
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