Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

LE LIVRE - Préface de Jean-Marc Berlière (avril 2016)

 

 

 

 

pub blog2.jpg

 

 

La préface de Jean-Marc Berlière

 

 

 

En quête de vérité…

 

Le travail de l’historien s’apparente à celui d’un enquêteur à la recherche de faits tels qu’ils se sont réellement produits. Collectant les indices, traces, témoignages les plus divers et les plus ténus, suivant toutes les pistes, mêmes les fausses ou les impasses, il cherche à s’approcher au plus près d’une réalité oubliée, transformée, mythifiée, obscurcie par l’oubli, la mémoire et ses métamorphoses, ses lacunes, les conflits ou crispations mémorielles.

Ses seuls guides dans cette quête : l’éthique du chercheur et la méthode historique qui impose de soumettre à la critique systématique tout document, tout témoignage, toute affirmation et de croiser en permanence les sources, toutes les sources afin de vérifier chaque indice, chaque information.

C’est peu dire que cette enquête menée par Gérard Soufflet démontre à l’envi qu’il a parfaitement intégré ces nécessités et ces précautions.

Spécialiste incontesté de la résistance polonaise du bassin minier de Blanzy-Montceau à laquelle il consacre un « blog » d’une grande richesse, il a découvert  à l’occasion de ses différentes recherches l’existence d’un « maquis soviétique » qui fut en lien à plusieurs reprises avec la composante communiste de la résistance polonaise montcellienne.

Pour retracer ce que fut l’histoire de ce maquis « Leningrad », formé de prisonniers soviétiques évadés des camps où les Allemands les avaient amenés pour servir de main d’œuvre dans les mines françaises, un « maquis soviétique » peu banal que même la mémoire - pourtant toujours prompte à se substituer à l’histoire – avait oublié et que l’historiographie avait « contourné » ou méconnu, Gérard Soufflet s’est livré à une enquête passionnante dont il livre ici les différentes étapes et les résultats.

Croisant les sources mémorielles, les témoignage oraux et écrits, les articles et ouvrages des combattants et des responsables, les dossiers personnels de résistants, les archives les plus diverses — Bureau résistance et rapports de gendarmerie au SHD à Vincennes, AD de S&L, de Nièvre et de Côte-d’Or, BAVCC de Caen, IPN à Varsovie —, il réussit à nous faire entrer dans le quotidien de ce groupe de maquisards « parlant l’étranger », très mobile, évoluant de la Saône et Loire à la Nièvre,  alternant actes de banditisme et actions de résistance, sabotages et « réquisitions » plus ou moins patriotiques, à retracer son itinéraire et les portraits de ses chefs.

Dans un récit passionnant, une enquête à rebondissements nous avons la surprise de croiser Boris Holban -le responsable des groupes armés des FTP-MOI parisiens avant Missak Manouchian – et de participer avec lui, des FTP et des gaullistes à la réception d’un parachutage britannique dans une clairière des environs de Chaudenay. Car et c’est là un apport majeur de ce travail, Gérard Soufflet, par ses recherches, contribue à briser ou écorner un certain nombre d’idées fausses qui ont passablement contaminé et obscurci la mémoire de ces années : l’armement des FTP, les rapports entre groupes de langue, les dérives vers un « gangstérisme » qui inquiéta jusque dans leurs propres rangs et expliquent quelques exécutions longtemps incompréhensibles, les liens parfois cordiaux  entre différentes obédience de la Résistance, mais aussi les méprises tragiques qui ont parfois opposé maquisards de groupes différents.

L’un des points les plus intéressants sur lesquels cette enquête fait bouger les lignes est la question de la direction effective de ces groupes oubliés de résistants soviétiques : direction des FTP-MOI puis cet objet historique mal identifié que fut le Comité central des prisonniers de guerre soviétiques (CCPGS) qui prit rapidement et définitivement la main sur des groupes et des hommes auxquels les Soviétiques accordaient apparemment une grande importance : ce qui pose pas mal de questions à leur sujet pour l’instant sans réponse.

Ne manque pas à cette fresque le destin des militants et combattants polonais rentrés en Pologne après-guerre, accueillis en héros, fêtés et célébrés, généralement employés dans une police politique de sinistre mémoire avant de devenir au début des années 1950 les cibles de la répression soviétique contre des internationalistes devenus de dangereux « cosmopolites ».

Si la connaissance avance enfin à grands pas sur la période noire et trouble de l’Occupation, c’est en grande partie grâce à des historiens « amateurs » (= ceux qui aiment) comme Gérard Soufflet qui, profitant d’une ouverture massive des archives, en France comme dans les ex-démocraties populaires, et mettant en œuvre une méthode respectueuse des exigences historiques, nous promettent une histoire enfin débarrassée de ces charges affectives et idéologiques. Soixante-dix ans après, il est grand temps de regarder les choses, les événements, les hommes, les comportements … sans idées reçues et sans manichéisme.

 

Jean-Marc Berlière

Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne

Président du comité d’éthique de l’Association pour une histoire scientifique et critique de l’occupation (HSCO)

 

  

 

Vous pouvez recevoir ce livre en passant commande à

 

gerard.soufflet@free.fr

  

(prix 20 € + port compris)

 



17/04/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 448 autres membres