MIGRANTS
26 juillet 2016
MIGRANTS
D’anciennes photos communiquées récemment par M. Edouard GNOJEK de Blanzy illustrent deux moments des grandes migrations qui allaient marquer les familles polonaises de France…
L’arrivée dans les années 20 …
En général pourvus d’un contrat de travail (voir un tel contrat), dans l’industrie ou à la campagne, les Polonais arrivaient au centre de rassemblement de la Société Générale d’Immigration à Toul, et de là étaient dispatchés vers les lieux où ils seraient employés.
La photo de M. Gnojek représente le groupe où se trouve sa mère, à son arrivée en France à la fin des années 20 (Est-ce à Toul ?? Par les vêtements on devine que ce convoi est arrivé à la belle saison). Ewa Mykita est repérée dans le cercle rouge ; née en 1908, elle allait être employée comme ouvrière agricole à Corbéron, village du sud de la Côte-d’Or, avant de se marier avec un mineur de Montceau, Ludwik Gnojek, né en 1903 et installé en France depuis 1927.
Cette photo n’est pas sans rappeler celle confiée il y a quelques années par M. Tadek Szmatula, aujourd’hui décédé. Là aussi, il s’agit de l’arrivée de sa maman en 1930 (à Montceau m’a-t-il assuré, mais n’est-ce pas aussi à Toul ?). La photo a été prise en hiver, et Mme Szmatula qui venait rejoindre son mari porte un chapeau « cloche ».
Le retour en Pologne après la guerre
Le rapatriement de l’émigration économique a été un objectif du nouveau pouvoir communiste. Un accord intergouvernemental franco-polonais avait été signé le 20 février 1946, autorisant le rapatriement d’un fort contingent de mineurs ; il témoigne des excellentes relations entre les deux gouvernements au lendemain de la guerre, l’opération s’effectuant en pleine « bataille du charbon » à la grande réticence des charbonnages.
Cinq trains allaient partir de la gare de Montceau-les-Mines en 1946 (26 septembre), 1947 (17 mai, 3 juin et 20 septembre) et 1948 (19 juillet), remmenant au pays plus de 2000 Polonais du bassin montcellien, tous volontaires, recrutés à la suite d’une intense campagne de propagande menée par le consulat de Pologne. Les uns y allaient par conviction politique (aider au redressement du pays et à la construction du socialisme), la plupart car c’était une opportunité de réaliser leur projet permanent de rentrer un jour dans leur patrie. En 1948, l’accord ne fut pas reconduit, les relations politiques se dégradant notablement, prémices de l’entrée dans la « guerre froide ».
La photo de M. Gnojek a été prise lors du départ du 3ème convoi, le 3 juin 1947, lors des adieux de son parrain, Stanislaw Pieta, né à Kunowo en 1901, qui avait passé 20 ans à travailler dans les mines françaises. On y voit les wagons de marchandise où chaque famille allait s’installer, avec meubles et bagages. Ce départ fut organisé comme une fête, les wagons étant décorés de fleurs, de beaux discours prononcés en français (par des élus communistes des municipalités) ou en polonais (par des représentants du consulat).
Nous reproduisons ci-dessous le rapport dressé par le policier des Renseignements Généraux, destiné à son chef, à Chalon-sur-Saône (ADSL à Mâcon, cote 2007W11) :
Le 5 juin 1947
PR.250
NOTE DE RENSEIGNEMENTS
OBJET : Rapatriement de mineurs polonais en Pologne
Un convoi de mineurs polonais rapatriés en Pologne a quitté la gare de Montceau-les-Mines, le mardi 3 juin à 20h20.
585 personnes dont 552 pour le département de Saône-&-Loire composaient le convoi.
Le rassemblement des rapatriés en provenance de la Saône-&-Loire principalement, de l’Allier (6 personnes), du Gard (16 personnes) et du Puy-de-Dôme (13 personnes) s’est effectué dans la cour de la gare de la Petite Vitesse.
Avant l’embarquement des rapatriés, en présence de M. le Consul de Pologne à Lyon, plusieurs allocutions en français et en polonais ont été prononcées.
Les opérations de contrôle ont été effectuées par de Service des Renseignements Généraux de Chalon-sur-Saône, avec le concours d’un membre de Paris de la Commission de rapatriement franco-polonaise. Les cartes d’identité retirées au cours du contrôle seront expédiées aux Préfectures intéressées.
Aucun incident à signaler. A noter que la soirée, et principalement à l’heure du départ du convoi, 2000 personnes environ, françaises et polonaises, se sont massées sur les quais de la gare de Montceau-les-Mines, pour adresser un dernier signe d’adieu aux rapatriés.
Appel aux lecteurs - Peut-être avez-vous conservé des photographies familiales de ces deux évènements (arrivée en France, ré-émigration vers la Pologne) ? Respol71 serait très heureux de pouvoir les ajouter à cette page. Contacter gerard.soufflet@free.fr
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