Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Marian TYNDIUK, officier polonais, résistant dans la Nièvre...

Cette biographie nous est confiée par une lectrice du département de la Nièvre, Mme Jacqueline Bernard, professeur retraitée du collège de Moulins-Engilbert, historienne et rédactrice à la revue "Vents du Morvan". Elle concerne un résistant polonais de ce département. Peut-être est-ce l'acte de naissance de Respol58 ?

Les photos lui ont été communiquées par Christian Tyndiuk, le fils de Marian...  Que tous deux soient remerciés...

 

On lira également avec intérêt les détails du dossier personnel retrouvé aux archives de la Défense, à Vincennes : Tyndiuk - SHD

 

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 TYNDIUK Marian.jpg

 

 

 

 

 

 

Marian TYNDIUK, (1908-1978)

 

officier de l’armée polonaise,

 

participe aux maquis du Nivernais-Morvan

 

 

 

      D’après le récit rédigé par Christian Tyndiuk, fils de Marian et le journal de bord de Raymond Chanel aimablement communiqué par sa fille, Marie-Annick Bardenet-Chanel.

 

 

 

      Lorsque le docteur Raymond Chanel, résistant, fait la connaissance de Marian Tyndiuk, il est tout de suite séduit par ce «… long bonhomme au profil d’oiseau maigre, écorchant on ne peut mieux le français » et qui a le même âge que lui. D’où venait cet officier de l’armée polonaise ?

 

  

      Marian est né le 8 septembre 1908 à LWOW en Pologne. Lorsque l’armée allemande envahit son pays, le 1er septembre 1939, il est lieutenant et a 31 ans. Avec la rage du désespoir, sous les bombardements intensifs, la cavalerie polonaise lutte contre les chars allemands. Quelques jours après, le 6 septembre, Cracovie tombe. Et c’est alors l’arrivée des troupes russes qui effectueront leur jonction avec les Allemands le 19 septembre. Varsovie, qui n’est plus qu’un champ de ruines,  va capituler à son tour et les vainqueurs se partagent leur conquête.

 

  

      Marian fuit son pays, passant par la Hongrie où il est fait prisonnier. Il réussit à s’évader et, par la Yougoslavie va  s’embarquer à Split à destination de Marseille.

 

A la même époque, une formation polonaise venue de Norvège entrait en France, et participait aux combats de Mai 1940. Marian, à la tête de sa compagnie de chars, reculant devant l’avancée des Allemands, se trouve dans l’Yonne, dans la région d’Avallon. Il décide de se sauver, accompagné de son conducteur de char et les deux hommes se cachent dans les bois, essayant de se diriger vers une ligne de front. Epuisés les deux hommes trouvent refuge dans une ferme du Morvan.

 

      Marian réussit à se faire embaucher comme ouvrier agricole et, très vite être apprécié pour ses talents de réparateurs de postes de radio, il s’installe à Grandry. C’est ainsi qu’il est accueilli à Blismes, au château de Poussignol, chez les Chanel. Le docteur  Raymond Chanel a vite compris qu’il pouvait faire un complice de cet homme « intelligent, plein d’allant, n’attendant que des ordres pour se mettre dans le bain » et il lui confie  « le canton de Château-Chinon, l’incitant à étendre ses activités sur tout le Morvan. »

 

      Nous sommes au printemps 1943, Chanel, arrêté, est déporté. Tyndiuk, (allias Grand Pierre)  ne reste pas inactif malgré l’absence de son ami : il aide les jeunes gens réfractaires au S.T.O, les regroupant dans les bois par unités de 20 à 80 hommes et il leur donne une formation militaire. Pour se procurer des cartes d’alimentation, Tyndiuk organise des attaques des mairies de villages voisins, Achun, Aunay ou même Decize, s’assurant au préalable de la complicité du personnel. Autre activité, la recherche de terrains pouvant accueillir des parachutages d’armes et d’abris pour les cacher. Il procure aussi à « Armée Volontaire » des renseignements concernant les déplacements de troupes ennemies dans la Nièvre.

 

 

 Au printemps 1944, les choses se mettent en forme et Marian fonde le maquis Jean, du nom de Jean Thalamy, son chef.de groupe. Ce maquis comprend 6oo hommes et se concentre dans la région de Château-Chinon, travaillant de concert avec les maquis Julien, Camille, Le Loup. Ensemble, ils attaquent des convois de ravitaillement destinés aux Allemands. Dans la foulée il prend le commandement du maquis Péguy dirigé par Raymond Fournier.

 

Tyndiuk demeure à Poussignol et, craignant une « visite » ennemie, il creuse le sol d’un clapier et aménage un refuge sous le jardin potager. Il sera vite dénoncé par un voisin et le château est cerné le 31 mai 1944 et les Allemands projettent d’y mettre le feu. La famille Chanel est emprisonnée à Nevers ; Marian, battu, torturé subit « interrogatoire sur interrogatoire » rapporte Chanel. Pour avoir un peu de répit il fait semblant de « donner » un refuge de maquisards qu’il savait abandonné depuis longtemps.

 

 

      La famille du docteur Chanel libérée grâce à un ricochet de connaissances, va intriguer pour faire en sorte que Marian soit, lui aussi libéré. Il revient alors à  Poussignol et  peut soigner ses blessures. Pas pour longtemps, Marian reprend du service et le 24 août 1944, avec 29 hommes seulement du maquis Jean,  Tyndiuk attaque une colonne allemande de 400 hommes tout près de Chatillon-en-Bazois. Bilan : 3 maquisards et 90 Allemands tués ; on note aussi 40 blessés ennemis et 9 chevaux tués (Journal de bord FFI signé du colonel Roche ; Document Lucien Jean-Baptiste)

 

      En septembre, avec le maquis Julien, ils encerclent Château-Chinon pour couper la route du ravitaillement ennemi et le même mois, dans la même région, Tyndiuk réussit, grâce à des espions infiltrés, à inciter un  groupe de Russes à se mutiner et à tuer leurs officiers.

 

      Après la guerre, Marian Tyndiuk épouse Josette, la sœur de son ami le docteur Raymond Chanel et le couple s’installe dans le Puy-de-Dôme. Cet homme déraciné, qui a risqué sa vie pour que nous retrouvions la liberté, n’a jamais pu retourner dans son pays. Il est mort en 1978 à l’âge de 70 ans.

 

  

                                          Jacqueline BERNARD

 

 TYNDIUK 5 - cérémonie Sancy.jpg

Tyndiuk appareil photo en mains - Pose de la première pierre du monument élevé

au maquis Julien à Sancy commune de Saint-Franchy près de Saint-Saulge.

En ce lieu ont combattu les membres de plusieurs maquis

qui ont dû tenir tête à une forte intervention allemande.

 

Saint-Franchy.JPG

 Sous la flèche rouge : Saint-Franchy....

 

 

 

Hypothèse : Le récit laisse supposer que Marian Tyndiuk faisait partie de la 1ère division blindée du général Maczek qui se battit vaillamment durant la campagne de France de 1940. Finalement bloqué près de Montbard en Côte-d'Or, Maczek se résolut à dissoudre son unité, enjoignant à ses hommes de rejoindre par petits groupes le Sud de la France pour poursuivre de combat. La plupart allaient passer en Angleterre et reprendre l'épopée de la 1ère division blindée polonaise  - Voir site d'un autre lecteur -.... Marian Tyndiuk se serait trouvé isolé dans le Morvan, décidant alors de  mener son combat en solitaire, au sein des maquis français...



09/06/2014
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