La seconde vie de Mieczyslaw BARGIEL
GS - 19 novembre 2015
La seconde vie de Mieczyslaw Bargiel
Le destin des résistants polonais évoqués sur Respol71 ne s’arrête pas à la libération de la Saône-et-Loire. Beaucoup, jeunes gars dans leurs vingtièmes années, ont alors leur vie à construire. La rubrique Evénements / Après la libération de la Saône-et-Loire montre déjà comment les uns rejoignirent l’armée du gouvernement de Londres et partirent combattre sur le front d’Italie, alors que les autres étaient intégrés dans l’armée de Lattre et allaient franchir le Rhin. Parmi ces derniers, beaucoup allaient poursuivre jusqu’à leur démobilisation en Pologne où ils allaient se fixer, servant cette fois le régime communiste dans les terribles années de son établissement.
La vie des Polonais de France rentrés en Pologne après la guerre est un vaste sujet qui mérite à lui-seul un vrai travail d’historien. Respol71 n’a pas la prétention de le traiter complètement ; nous voulons seulement vous présenter quelques trajets, à commencer par celui de Mieczyslaw Bargiel, le commandant du bataillon Mickiewicz. Son cas est forcément atypique puisqu’il est celui d’un cadre communiste en pleine ascension au sein de l’appareil ; par là-même il donne bien des éléments de compréhension sur le fonctionnement du régime.
Cet article est un complément à la biographie française déjà en ligne - ICI - ; il a pour source principale les rencontres avec sa famille en France et surtout avec sa fille Miroslawa à Varsovie, qui nous a ouvert largement ses souvenirs et ses archives personnelles. Grand merci à elle ! Le dossier conservé à l’Institut de la Mémoire Nationale (IPN) à Varsovie nous a apporté un complément utile.
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Membre de la délégation militaire polonaise à Paris (automne 1944, juin 45)
Après la bataille d'Autun (8 au 10 septembre 1944) qui acheva la libération de la Saône-et-Loire, le bataillon Mickiewicz des FTP-MOI polonais quitta rapidement la ville et vint établir son cantonnement à Montceau-les-Mines, à l'école du Bois-du-Verne. Plus tard, il fut déplacé au château de Cypierre, près de Paray-le-Monial. Il sera finalement dirigé sur Besançon, où il allait devenir la 5ème compagnie du 19ème GIP (Groupement d’infanterie polonaise au sein de la 1ère armée française).… voir article .
Seulement Mieczyslaw Bargiel « Roger » ne suivit pas ses troupes et entama alors son propre destin.
C'est en février 1945 qu'il fut dirigé sur Paris, au service de Stefan Jędrychowski, représentant en France du gouvernement provisoire de la République polonaise (le "comité de Lublin"), installé à la suite du pacte De Gaulle-Staline du 10 décembre 1944. Théodore Plonka, le capitaine du bataillon, grade le plus élevé après "Roger", le remplaça provisoirement. Lui travaille à la mission militaire dirigée par le colonel Naszkowski ; cette délégation, en attente d’occuper les locaux officiels tenus un temps encore par la diplomatie du gouvernement de Londres, est installée provisoirement au 12 bis, avenue Elisée Reclus, dans le 7ème arrondissement. |
De toute évidence, les personnes qui y sont nommées sont triées sur le volet ; le choix du major Bargiel, ouvrier-mineur de nationalité française, sorti de son maquis de Montceau, en dit long sur la confiance dont il jouit parmi les dirigeants de l'appareil communiste polonais en France. Il est porteur d'une carte d'identité militaire du gouvernement provisoire (établie le 12 juin 1945).
Il reste cependant en lien avec Montceau, où continuent de vivre son épouse Hélène et leur fille Christine. Un ordre de mission du 18 mai 45 indique qu'il s'y rend en train pour y représenter la délégation en France (l'ambassade) du gouvernement polonais provisoire…
C'est le 17 juin 45, 5 semaines après la capitulation allemande, qu'il reçoit un autre ordre de mission, autrement important : rédigé en Russe, il s'agit d'un laissez-passer avec photographie, permettant au major Bargiel de conduire à Katowice en Pologne 200 hommes, à travers les lignes soviétiques (les derniers combats se sont arrêtés un mois plus tôt), en passant par Leipzig, Dresde et Breslau. Pour ce voyage, il reçoit un titre d'assurance militaire soviétique, remis par le Centre de regroupement des citoyens soviétiques en France.
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Qui sont ces 200 Polonais qui rejoignent la patrie depuis la France, à peine les combats de la seconde guerre mondiale terminés en Allemagne ? Pour sûr ce ne sont pas les maquisards du bataillon Mickiewicz engagés dans l'armée de Lattre : à cette date, les 19ème et 29ème GIP sont en occupation du côté de la Forêt Noire… Et formellement, soumis à la hiérarchie militaire française, ils n'ont plus rien à voir avec Bargiel ! Ces 200 sont vraisemblablement des hommes politiquement plus sûrs, envoyés par les autorités du mouvement communiste (de la MOI ? du parti polonais PPR ?) afin d'aider en toute hâte à la mise en place du nouveau régime ; celui-ci manquait cruellement de troupes sur place pour encadrer les populations polonaises transférées de l'Est du pays et pour imposer son autorité dans l'ombre de l'Armée rouge, en menant une guerre civile, sale et impitoyable, contre les résistants de l'AK (l’Armée nationale), la grande organisation de la Résistance polonaise.
Afin de mener à bien ce transport de troupes, Bargiel doit régler diverses formalités à Varsovie même. Il s'y rend seul, et y débarque le 20 août 1945, date donc de son retour au pays. Il doit immédiatement montrer patte blanche au redoutable ministère de la sécurité publique qui vient de se mette en place. La première autobiographie qu'il est appelé à rédiger se retrouve aujourd'hui à l'IPN ainsi que son engagement de collaboration avec le ministère, c'est-à-dire son acceptation à devenir un de ces innombrables "agents" indicateurs du système totalitaire qui se mettait en place :
DECLARATION
Je, soussigné Mieczyslaw Bargiel, déclare engager volontairement la collaboration avec le Ministère de la Sécurité Publique. J’ai pris ma décision, motivé par la volonté de participer à la lutte contre les ennemis de la Pologne démocratique et de développer sa Puissance. Je crois qu’en tant que collaborateur du Ministère de la Sécurité Publique je pourrai le mieux servir la cause du Peuple Travailleur de Pologne.
Je m’engage à tenir en secret absolu le fait et la forme de ma collaboration avec le M.S.P. et à n’en parler jamais à personne. Je sais que le dévoilement de ce secret équivaut à la trahison du secret d’Etat et est sévèrement sanctionné. Nonobstant le poste que j’occuperai, la discipline du M.S.P. sera toujours prépondérante pour moi et c’est à elle que je me soumettrai.
Dans ma collaboration avec le M.S.P. j’utiliserai le pseudonyme de MARIAN et c’est par ce pseudonyme que je signerai tous mes rapports.
Varsovie, le 25 août 1945
On ne sait quels rapports transmit l'agent "Marian", ni si certains durent en souffrir, mais c'est bien ce jour-là que, définitivement, le jeune mineur idéaliste des Gautherets passa du camp des résistants à celui des oppresseurs. Il mena en tout cas à bien sa première tâche pour la nouvelle Pologne, et le transport des 200 communistes de France arriva à bon port à Katowice le 19 septembre 1945.
En poste à Leipzig, dans l'Allemagne occupée (fin 1945 – 1946)
Le 20 novembre 1945, une décision collective signée de Michal ZYMIERSKI, commandant en chef de l'armée polonaise et dernier Maréchal de Pologne, et de Marian SPYCHALSKI, son adjoint, en vérité son commissaire politique, confirme les grades d'un groupe d'officiers issus de la résistance. .
Professionnalisation d'un officier de confiance, spécialiste du renseignement (1946 – 1953)
A son retour de Leipzig, fin 46, Bargiel a certes acquis une certaine autorité, mais il reste bien novice, en matière de politique. La guérilla dans le Morvan signale un caractère ; elle ne suffit pas à former un vrai cadre du mouvement ouvrier international. Il est donc envoyé pendant deux ans suivre les cours de l'Ecole supérieure des officiers commissaires politiques (mot-à-mot : "officiers politico-éducatifs" – Wyzsza Szkola Oficerow Polityczno-Wychowawczych)(1). Il en sort diplômé fin 1948, apte à mieux servir la jeune république populaire. Certes son rang est médiocre, 61ème sur 63 : son appréciation n'est "bonne" qu'en maniement des armes et en histoire de la Pologne ; dans toutes les autres matières, son niveau est jugé seulement "passable", aussi bien pour les matières de connaissance classique (histoire générale, géographie) que pour les matières qui structurent alors le savoir marxiste des cadres communistes : économie politique, matérialisme historique et dialectique, méthodologie du travail politico-éducatif, politique internationale) ou même que pour les matières directement militaires (tactique et science du terrain)… A sa décharge et malgré la faible exigence qui régnait probablement dans un tel établissement à l'époque, où le vrai critère sélectif était le conformisme politique, il faut imaginer, en dehors de toute appréciation sur le contenu, le saut psychologique que pouvait représenter l'accession à un enseignement théorique pour un jeune ouvrier-mineur, formé à la seule école franco-polonaise des Gautherets, sorti sans même son certificat d'études primaires.
En parallèle, il suit un cursus d'enseignement général beaucoup plus pragmatique, probablement en cours du soir, qui dure trois années et lui fait aborder des thèmes nouveaux et concrets : la langue russe, la psychologie, l'organisation socialiste du travail, le travail social, l'administration… Il y est mieux apprécié et obtient le 13 juin 1950 un diplôme professionnel de travail social, sorte de bac professionnel.
Cependant le principal est ailleurs, car à sa sortie de l'école d'officiers politiques, il a reçu une affectation à l'état-major de l'armée polonaise, dans un service bien particulier et envié, le 2ème bureau, service prestigieux du renseignement militaire, où il restera 4 ans, de 1948 à 1952. Quel était son rôle ? Quelles missions a-t-il effectuées alors? Cela reste un mystère. Rappelons simplement que la période en Pologne était particulièrement dure, phase de terreur politique dirigée contre tous. La suspicion était générale, dirigée tant contre les gens de l'intérieur du pays que contre l'extérieur, où la guerre froide allait s'imposer ; vaste champ possible d'actions pour l'espionnage de l'armée ! Ajoutons qu’une mission de ce 2ème bureau était aussi de diriger des réseaux d’espionnage en France, comme le révèle un récent ouvrage de J.M. Berlière et F. Liaigre (2)
Cette période apparemment faste pour Bargiel se poursuit en 1952 par son entrée à l'école supérieure d'infanterie, où il va rencontrer le futur général Wojciech Jaruzelski, qui, lui-même récemment diplômé, y enseigne maintenant l'art militaire. Le 25 août 1953, Bargiel obtient le diplôme le qualifiant comme officier d'état-major. Les appréciations portées sur le jeune officier sont cette fois majoritairement bonnes ; le petit mineur a fait du chemin… Il a maintenant le grade de Lieutenant-Colonel (Podpulkownik) !
En disgrâce ?
A sa sortie de l'école, il est nommé commandant général de l'organisation TOPL (Terenowa Obrona Przeciwlotnicza), c'est-à-dire de la défense anti-aérienne territoriale. En ces temps de déclenchement de la guerre froide, on craint une agression des armées occidentales contre l'URSS et ses alliés ; toutes les industries ou administrations se voient dotées de mesures de protection contre les attaques venues du ciel : aménagement d'abris, constitution de stocks de casques et de masques à gaz… Poste de responsabilité ou bien voie de garage ? La question se pose en effet car si le titre est ronflant, il correspond à une sortie des unités opérationnelles, à une mission de nature très administrative, presque civile. Or on constate que nombre de responsables ayant milité à l'Ouest, que ce soit dans les Brigades internationales ou dans les maquis, se retrouvent alors à devoir servir de même façon dans la défense territoriale anti-aérienne. C'est l'époque d'un refroidissement des relations diplomatiques franco-polonaises, marquée par les procès de diplomates français accusés d'espionnage (Cf. "affaire Robineau") et autour d'eux de nombreux Polonais liés à la France. Dans toutes les administrations centrales - plus que tout lorsqu'elles touchent à la sécurité ou au renseignement - les cadres relevant des catégories suspectes sont évincés, mis sur des voies de garage, dans le pire des cas emprisonnés…
Le poste suivant signale, lui sans conteste, une telle rétrogradation puisqu'il s'agit d'une fonction qu'on donne généralement aux militaires à la veille de leur retraite : fin 1954, il doit rejoindre l'école supérieure d'agriculture de Szczecin, où il est chargé de la formation militaire des étudiants. Il est alors marginalisé par les autorités, à tel point qu'il a des difficultés pour trouver à loger sa famille ; c'est finalement en faisant appel à Wojciech Jaruzelski, qui vient d'être nommé aussi à Szczecin, mais en tant que général commandant une division mécanisée, que les Bargiel trouveront finalement un toit.
Mission au Laos
Est-ce aussi simple ? Si l'affectation est plus que modeste, ces années seront marquées aussi par une mission de grande confiance que l'on confie à Bargiel au Laos. La première guerre d'Indochine, à laquelle tant d'anciens maquisards engagés dans l'armée française ont participé (3), vient de s'achever par la défaite des forces françaises à Dien-Bien-Phu (7 mai 1954) ; le gouvernement de Pierre Mendès France décide d'en finir ; le 22 juillet 1954, la conclusion des accords de Genève entérine le retrait définitif de la France de toute la péninsule indochinoise, et définit la nouvelle géographie politique de la région : à l'Est, le Vietnam est partagé en deux zones de regroupement militaire, séparées par le 17ème parallèle. Au Nord, se crée la République démocratique du Viet-Nam ; au Sud, le corps expéditionnaire français est regroupé, en vue de son évacuation totale, un nouvel état allant s'y créer dans l'orbite américaine. Plus à l'Ouest, un accord particulier, signé le 20 juillet, entérine la cessation des hostilités au Laos (la France avait accordé formellement l'indépendance en octobre 1953, mais des actions armées s'y poursuivaient). De même le Cambodge est assuré de son indépendance.
L'application des accords de Genève est placée sous contrôle international et trois Commissions internationales de surveillance et de contrôle sont mises sur pied (une pour chacune des entités Viet-Nam, Laos, Cambodge). Ces CISC sont constituées de représentants de trois états, l'Inde pour les pays nouvellement indépendants (qui formeront bientôt l'organisation des non-alignés), le Canada pour les pays occidentaux (le traité de l'Atlantique Nord, fondement de l'OTAN, a été signé le 4 avril 1949), la Pologne pour les pays communistes. C'est l'Inde qui assure la présidence des CISC.
Mieczyslaw Bargiel va participer à la délégation polonaise à la CISC – Laos, qui fonctionne d'août 1954 à mai 1958. Il n'a probablement été présent qu'une partie de la période, à partir de 1957.
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Comment expliquer qu'un officier apparemment en disgrâce se voit confié une mission aussi sensible à l'étranger ? Deux explications peuvent être avancées : soit la disgrâce n'était qu'apparente et concernait seulement la fonction de couverture du lieutenant-colonel Bargiel, qui devait être traité en surface comme les autres "Français", mais qui restait en réalité un officier de renseignement parfaitement opérationnel et sûr ; soit elle fut levée dans le grand bouleversement créé par la crise politique de 1956 et les événements de "l'Octobre polonais" (arrivée de Gomulka). Ajoutons que sa familiarité avec la culture française et sa pratique parfaite de la langue pouvaient être considérées comme déterminantes pour une telle mission destinée à parachever le démantèlement de l'Indochine française.
A son retour du Laos, il retrouve sa famille, qui n’a pas quitté Szczecin, et son poste auprès des étudiants. Il anime alors des cours portant sur l’histoire des mouvements de jeunesse et particulièrement de l’organisation Grunwald, en France pendant la guerre. Il est d’ailleurs membre de l’association des anciens Grunwalczyk de Szczecin.
L'apogée de sa carrière ...
1960 – 1966 En août 1960, il est détaché formellement de l’armée pour siéger à la commission de planification auprès du Conseil des ministres, où il va traiter des questions de défense. C’est un changement notable pour lui et sa famille ; Mieczyslaw devient haut fonctionnaire et se voit attribuer un appartement confortable au centre de Varsovie. Adieu Szczecin… La reconnaissance de son rôle paraît complète quand, le 20 décembre 1965, il reçoit le grade de colonel.
Cette carrière s’interrompt brutalement en 1966 quand à la suite d’un grade accident, il perd un rein et reste gravement diminué. Il est alors mis à la retraite et va occuper son temps à des tâches bénévoles pour le compte de diverses associations, les amitiés polono-françaises, l’association des anciens combattants ZBoWiD (Association des Combattants pour la Liberté et la Démocratie) où il préside pendant longtemps la Commission Historique chargée des anciens soldats des 19 et 29ème Groupes d’Infanterie Polonaise au sein de la 1ère armée française. Il est aussi activiste du parti ouvrier unifié polonais (PZPR) pour le district de Varsovie.
Années 60, dépôt de gerbe à l'anniversaire du défilé des 19ème et 29ème GIP à Varsovie
Trois personnages faisant l'objet d'une biographie sur respol 71 :
(1) Boleslaw Maslankiewicz - (2) Mieczyslaw Bargiel - (3) Boleslaw Jelen
En 1973 et 1974, il occupe une dernière fonction officielle, abrégée à cause de son état de santé, en tant que premier secrétaire de l’ambassade de Pologne à Berne, en Suisse. On ne peut là encore que relever que Berne est justement un centre de l’espionnage du bloc communisme en Europe…
Politiquement, il voit d’un très mauvais œil les évolutions de la Pologne et soutient son ancien collègue, le général Jaruzelski, lorsque celui-ci instaure l’état de guerre, le 13 décembre 1981.
Mieczyslaw Bargiel est mort à Varsovie le 26 juin 1984.
(1) Créée au départ en Union Soviétique, cette école, destinée à former les futurs officiers de l'Armée populaire, fonctionna jusqu'en 1956. Elle fonctionna successivement à Lublin, puis à Lodz, enfin à Rembertow, dans la banlieue de Varsovie.
(2) J.M. Berlière, F. Liaigre, Camarade, la lutte continue ! De la Résistance à l'espionnage communiste, Robert Laffont, décembre 2014.
(3) Parmi eux, Paul Dessolin, le "capitaine Pietro" organisateur du maquis FTP Valmy et ancien chef de Bargiel.
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