Polonais déserteurs de la Wehrmacht à Autun
14 novembre 2015
Le maquis « Valmy » dont il est question ci-dessous n’a aucun rapport avec le maquis « Valmy » des mineurs FTP de Montceau. Celui-là a été formé tardivement, en août 1944, par l’état-major FFI de Côte-d’Or afin de mener la « guerre des routes » aux environs de Beaune, contre les convois allemands en retraite. Il s’appuyait sur le village de Brully et était commandé par Marc Chapuzot, nom de guerre Erick, détaché pour cela de l’état-major FFI.
Ce maquis « Valmy » de Côte-d'Or intégra une compagnie entière de soldats polonais qui avaient déserté la Wehrmacht aux abords d'Autun, une dizaine de jours avant la bataille qui allait libérer la ville. Ces Polonais ont été rendus célèbres car ils furent photographiés par un reporter de la 1ère Armée française, alors qu’ils étaient présentés au général de Lattre de Tassigny, au lendemain de la libération de Beaune (photo SHD - ECPAD).
Retrouvée aux archives départementales de Côte-d’Or (cote 6 J 138), une note de Roger Meuret, le correspondant pour la Côte-d’Or de la Fondation pour les études de défense nationale et de l’institut d’histoire des conflits contemporains.
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« Le groupe polonais du maquis « VALMY – Brully », au sud de la Côte-d’Or, fort d’une centaine d’hommes, se rallia aux FFI dans la 2ème quinzaine d’août 1944. Il faisait partie des unités allemandes retraitant depuis le sud-ouest de la France. Dans la région d’Autun, ces Polonais tuèrent leurs officiers allemands et désertèrent. En arrivant en Côte-d’Or, ils prirent contact avec la Résistance ; c’est le maquis « Valmy » qui les récupéra. Ils conservèrent armement, pantalons et bottes ; le maquis leur fournit une veste bleue de travail et un brassard FFI. Ils furent chargés d’abord de la mise en état de défense du village de St-Romain puis prirent part aux actions de guérilla sur la route nationale 73, entre Nolay et Meursault. Commandés par un Lt, un sous-Lt et un adjudant, tous polonais, ils furent engagés à partir du 5 septembre 1944 jusqu’à trois fois par jour et se montrèrent extrêmement efficaces, se battant parfois au corps à corps. Ils furent à l’honneur lors de la prise d’armes qui eut lieu cour de la Mairie de Beaune, devant le général de Lattre de Tassigny, le 9 septembre 1944. » |
Gilles Hennequin dans son livre, "Résistance en Côte-d’Or, tome VI" (chez l’auteur, 2004) reproduit un texte du commandant de cette compagnie polonaise, Walerian Pankiewicz, écrit le 30 septembre 1944 pour Marc Chapuzot…
« Le 25.08.1944, Walerian Pankiewicz avec sa compagnie comptant 110 fusiliers s’est échappé de l’armée allemande et grâce à la population civile française a pu prendre contact avec le groupe de partisans français « Valmy ».
Le chef de ce groupe était le capitaine français Erick. Il nous a très bien accueillis et après s’être assuré que nous étions bien des Polonais et que nous haïssions autant les Allemands qu’eux-mêmes, nous a tendu une main fraternelle.
Dès cet instant, nous avons commencé à travailler ensemble, avec les partisans français contre notre éternel ennemi allemand. Je dois avouer que Monsieur le capitaine Erick était très satisfait de notre compagnie polonaise. La nourriture que nous recevions était très bonne et mes soldats appréciaient le tabac. L’armement était également très bon. Grâce au capitaine Erick qui savait très bien s’orienter, aussi bien sur le terrain que sur la tactique de la guerre, nous avons pu chaque nuit exécuter des raids sur les Allemands. Les Allemands ont eu beaucoup de pertes. Quant à nous, nous n’avons eu aucune perte humaine.
Avant le départ du capitaine Erick pour le front et de notre compagnie pour Marseille, nous avons eu un grand dîner d’adieu. Je vous adresse mes chaleureux remerciements pour le bon accueil réservé à ma compagnie par le capitaine Erick au nom de notre compagnie polonaise ».
Suit la liste des soldats
On comprend que ces hommes s'étaient alors engagés dans l’Armée polonaise ; ils furent dirigés vers Marseille, afin de rejoindre Naples et l’armée du général Anders qui se battait sur le front d’Italie.
Nous ne savons rien par contre de ce qu’avait été leur histoire précédente et donc ce qu'ils avaient vécu au sein de la Wehrmacht…
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